Anne Delrez

août 2021


Vincent Delmas documente la vie, sa vie, la mienne. Il est une fine épaisseur de mémoire, la sienne, la mienne, la nôtre.
Il trace, il crée une empreinte qui, dans le même geste, révèle des strates préexistantes. Comme parfois, une pluie après son passage découvre un nouveau paysage, une nouvelle perception de ce qui était déjà là. Des couches de sédiments, substance complexe constituée de la matérialité du temps.
Vincent joue du temps, du sien, du mien, du nôtre. De cette durée qui s’effrite chaque jour un peu et de ces petits morceaux dramatiquement définitivement perdus, il fait des constructions savantes et souvent drôles.
Converser avec Vincent c’est aussi voir surgir des dates, des heures, des chiffres qui deviennent phrases émouvantes et poétiques.

Inviter Vincent Delmas à exposer c’est un peu comme tirer sur une chevillette et avoir le grand plaisir de pouvoir observer une mécanique de pensée se mettre en mouvement, tel un système très élaboré de rouages de toutes tailles, de poulies démultipliant la puissance, de matériaux de différentes matières, qui par la suite sera soustrait au regard, pour ne montrer que des objets à l’apparence simple voir manufacturés.

Il y a quelque chose de jubilatoire dans la compréhension de son travail. Dans le cheminement de l’idée vers une forme. Dans la liberté d’appropriation du monde qu’il propose, dans cette façon de mettre en place un espace où semblent fourmiller des centaines d’instants et derrières eux des centaines de personnes, invités à entrer en scène, le temps d’un passage d’étoile filante dans le ciel et à repartir dans le noir. Et, peut-être lors d’une prochaine liste, un prochain inventaire, être à nouveau invités.