Le texte « J’HABITE ICI » est installé sur la Tour Prélude (Paris 19° – Les Orgues de Flandre). Une flèche pointe vers mon appartement. Les lettres sont suffisamment grandes pour permettre la lisibilité du texte depuis le centre de Paris.
J’habite dans l’« un des derniers quartiers défavorisés de Paris »*, au pied du plus haut bâtiment résidentiel de la capitale (38 étages). Avec ce projet, j’indique très visiblement ma place dans la ville, ma situation. Le dispositif s’apparente, grandeur nature, à la carte postale de vacances sur laquelle on indique d’une croix l’emplacement de sa location. Cette information, généralement adressée à sa sphère privée, renvoie à un imaginaire social, économique, exotique, sympathique. De ma fenêtre, se posent des questions quant à la place de l’homme dans la ville (a fortiori dans la mégapole). La conscience de l’autre, sans même parler de sa connaissance, plane au-dessus de ces interrogations.
* Le Nouvel Observateur / Paris Obs – 23 mars 2006 p.20